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Il habite, nous habitons…
Habiter est le propre des humains.
Cette citation de Martin Heidegger est le départ d’une recherche sur l’étymologie du mot ainsi que sur ses dimensions spatiales, sociales et existentielles…
Le verbe «habiter» est emprunté au latin habitare «habiter, résider», fréquentatif de habere «rester quelque part, occuper une demeure», qui s’apparente au verbe habeo : «avoir, posséder» et qui est également racine d’ «habit» du latin habitus «manière d’être, tenue, mise». Habito, du verbe habere, donnera habitatio «habitation» (lieu clos et couvert où l’on habite) et aussi habitatus «habitat» (espace offrant les conditions qui conviennent à la vie et au développement d’une espèce animale ou végétale). Il est aussi dérivé de habitudo «avoir souvent» qui donnera en français «habitude». «Il y a péril en la demeure» peut ainsi être traduit par «il y a danger à rester dans la même situation».
«Habiter» se réfère donc tout autant à l’habitation qu’au corps agissant.
Ainsi, «habiter» nous ramènerait à l’idée d’occupation, de possession et de manière d’être. Mais «habiter» est un verbe transitif, et implique un complément. Ainsi :
- On habiter un lieu, une maison, un appartement, un studio…
- On habite un quartier, une ville, une région, un pays…
- On habite sous un toit, dans la rue…
- On habite seul, ensemble, avec quelqu’un…
- On habite proche ou loin de sa famille, de son travail, du cinéma…
- On habite de manière confortable, précaire…
- On habite de manière habituelle, provisoire…
- On habite quelqu’un, son cœur, ses pensées, ses rêves…
- On habite en pureté, en conscience…ou pas.
Pour habiter, on crée un espace permettant de s’abriter.
On bâti une maison, on y demeure. C’est la dimension spatiale. On possède un bien (ou une personne) et en retour il nous appartient (ou est sensé nous appartenir). C’est un lien de possession et d’appropriation. On appartient aussi à une culture, un clan, une maisonnée. C’est un lien d’appartenance et d’identification. C’est la dimension sociale.
Mais ce qui lie les deux, c’est la dimension existentielle propre à l’habiter, donc à l’homme. Car «Habiter» est, plus que la simple fonction de se loger, c’est un trait fondamental de l’être.
Habiter renvoie fondamentalement au-dedans, à l’intérieur donc à l’intériorité et à l’intime.
C’est un acte réfléchi sur le monde. Acte qui justifie la création d’une habitation ayant pour fonction première de protéger l’intimité de l’homme de manière à lui permettre de s’ouvrir au monde. Pour cela, en résonance avec Thierry Paquot, je dirais que l’ «habitation» qui appartient à l’ «habitat» doit faciliter l’ «habiter».
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